Être DEDANS tout en étant DEHORS // 2nde

Ressources présentées lors de la présentation du sujet.

Léonard de Vinci , La Joconde Portrait de Monna Lisa, 1452-1519, h/bois
La Joconde est le portrait le plus célèbre au monde. L’identité du modèle est régulièrement remise en question, mais on admet généralement qu’il s’agit d’une dame florentine, prénommée Lisa, épouse de Francesco del Giocondo. Le nom Giocondo a été très tôt francisé en Joconde, mais le tableau est aussi connu sous le titre de Portrait de Monna Lisa, monna signifiant dame ou madame en italien ancien.

UNE COMPOSITION CLAIRE

Le tableau représente la jeune femme de trois quarts, assise dans une loggia ouverte sur un paysage. Elle regarde le spectateur et sourit. L’avant-bras gauche appuyé sur l’accoudoir d’un fauteuil, les mains posées l’une sur l’autre, elle domine l’ensemble de la composition. Sa silhouette s’inscrit dans une forme pyramidale qui affermit la stabilité de la figure. Les cheveux sombres, recouverts d’un léger voile, encadrent le visage aux sourcils épilés qui attire toute l’attention du spectateur.

UN PAYSAGE ÉNIGMATIQUE

Le vaste paysage montre de lointaines vallées et des pitons rocheux perdus dans la brume. Sa profondeur est obtenue grâce à une perspective atmosphérique qui consiste à créer différents plans en modulant progressivement les tonalités. On passe ainsi d’un brun verdâtre à un vert bleuté pour finalement rejoindre le ciel. Au plan le plus rapproché, des signes de civilisation apparaissent : sur la droite, un pont enjambe une rivière, sur la gauche, un sentier serpente. Mais au fur et à mesure que l’on se rapproche de la ligne d’horizon, des montagnes grandioses apparaissent, puis se fondent dans une lumière vaporeuse et vibrante.


Sfumato : Mot italien qui désigne, en peinture, l’effet obtenu par un traitement subtil et modulé des ombres de telle sorte que les contours des figures disparaissent et se fondent dans l’atmosphère environnante.

 
William HOGARTH, Perspective absurde, 1754, gravure.
Cette gravure est une illustration d’une scène absurde où chaque élément contient un paradoxe lié à une perspective impossible : le croisement des cannes à pêche, la femme à sa fenêtre allumant la pipe de l’homme sur la colline, l’enseigne de la maison derrière les arbres, …
 
CANALETTO, Le Grand canal et San Simeone Piccolo, 1738.
Huile sur toile, 125 x205 cm, National Gallery, Londres.

Bien que la représentation magistrale de Canaletto du Grand Canal de Venise semble très naturaliste dans son exécution, la peinture idéalise, manipule et façonne la scène afin de présenter un rendu hautement symbolique des structures et des paysages les plus emblématiques de Venise. L'église de Santa Maria di Nazareth située sur le côté droit, par exemple, a vu de nombreux détails architecturaux modifiés par Canaletto, comme les statues gestuelles sur sa façade. Au loin à gauche se trouve l'église au toit en pente de Santa Croce.
À gauche se trouve San Simeone Piccolo, et à l'extrême gauche se trouvent le Palazzo Foscari-Contarini et la Casa Adolfo.

Dans ce tableau, Canaletto a condensé la composition en réduisant considérablement le nombre de bâtiments entre San Simeone et Santa Croce afin que le spectateur puisse voir les deux bâtiments à la fois, une perspective déformée et une vue impossible. Canaletto manipule également divers autres aspects de la vue ; de la luminosité du ciel, à la douce courbure et aux ondulations des lignes orthogonales, au mélange entre de larges coups de pinceau et des détails denses, tout est soigneusement orchestré pour contrôler optiquement son expérience avec la peinture, ingérant une vue idéalisée et romantique de Venise, un symbole de son homologue dans la réalité..


 
Piero della FRANCESCA, La Flagellation du Christ, 1444-1478.
Tempera sur bois de peuplier, 58,4 x 81,5 cm, Galleria Nazionale delle Marche, Urbino.

Célèbre pour sa maîtrise absolue de la perspective, sa complexité géométrique et symbolique en fait l’une des œuvres les plus commentées de l’histoire de l’art. Elle a été créée sous le mouvement de la Première Renaissance.
Le point de vue monofocal centré est une construction de la perception purement albertiene par la présence d'éléments architecturaux (colonne, chapiteaux), du dallage, d'un plafond à caissons. Le rythme de l'image est fondé sur l'opposition des plages de couleur rouge et bleue jouant par rapport au réseau régulier-irrégulier des bruns, ocres et blancs de l'architecture. La construction savante de l'espace coloré et linéaire est mis au service d'un contenu en partie caché
 
Piero Della FRANCESCA ou Luciano LAURANA ou Francesco Di GIORGIO ou Melozzo de FORLI, La Cité idéale, 1475-1490.
Tempera sur panneau, 67,7 x 239,4 cm, Galleria Nazionale delle Marche, Urbino.

Construite autour d'une perspective à point de fuite central, occulté par une rotonde ou un tempietto, percée d'une porte entrouverte, la représentation est purement architecturale sans présence humaine. Les bâtiments latéraux, des habitations de style Renaissance alignées par le point de fuite, possèdent tous des fenêtres, des galeries à arcades au sol, des loggias en terrasse. Deux margelles de puits ou de réservoir complètent le tableau sur un sol carrelé de motifs géométriques

Les frontons des deux bâtiments du premier plan portent des inscriptions indéchiffrables semblant mélanger inscriptions latines et grecques.

Quelques plantes transparaissent des terrasses ou des rebords de fenêtre et deux pigeons, sur une corniche à droite, sont les seules traces du vivant dans le décor proche (qui comporte malgré tout de nombreuses portes et fenêtres ouvertes ou entrebâillées). Au loin, des collines arborées et un pic montagneux habillent le fond sur un ciel dégradé de blanc au bleu vers le haut avec quelques traces de nuage.

 
Antonello da MESSINA, Saint Jérôme dans son étude, 1475.
Huile sur panneau de tilleul, 45,7 x 36,2 cm, National Gallery, Londres.

Malgré sa petite taille, le tableau produit un effet de monumentalité, en jouant, à travers l'ouverture qui procure un effet de cadre dans le cadre, sur les pleins et les vides. La perspective centrale, soulignée par le dallage, dirige d'abord le regard sur le saint. Mais l'œil est ensuite attiré par les détails des objets qui entourent celui-ci dans le meuble qui figure son cabinet de travail, puis se dirige vers le mur du fond, guidé par la lumière provenant des trois ouvertures de la partie supérieure, mais aussi à gauche et à droite du cabinet, vers les fenêtres découpées dans la partie inférieure de l'intérieur, et qui s'ouvrent vers un paysage s'étendant au loin.
 
Pour aller plus loin (beaucoup plus loin...)